15 June 2025 10:00:00 GMT+11:00

Girouette – La passion en héritage

15 juillet 2025

Tout commence par une passion. Une passion commune, celle qui unit un père et sa fille : la voile.
Noa Ancian, ancienne athlète de haut niveau et membre de l’équipe de France de Nacra 17, choisit de se lancer dans l’aventure du large avec Girouette, un voilier de 10,3 mètres.
À ses côtés, un équipier pas comme les autres : Hervé, 54 ans, son père. Et loin d’être un débutant. Cet ancien montagnard reconverti en marin a déjà traversé jusqu’en Australie, en double, et sans pilote automatique. « Fin 2024, nous avons pris la barre de ce voilier avec un projet aussi sportif qu’humain : courir la Groupama Race 2025 en double, en équipage père-fille », racontent Noa et Hervé.
Si Girouette a déjà participé à la course, c’est une première pour le duo. Et ils vont vite découvrir que cette boucle autour de la Nouvelle-Calédonie n’a rien d’une croisière. 2025 l’a prouvé : intense, exigeante, imprévisible. Courir à deux, c’est difficile. En famille ? Carrément héroïque !
D’autant que la voile est une affaire de clan : Barbara, la maman de Noa, était elle aussi engagée, à bord de Snatch N’ Furious. Et juste avant le départ, les ennuis commencent ! Une fuite dans le réservoir d’eau douce vient troubler la sérénité de nos deux équipiers. Heureusement, le duo a pu gérer ce bon coup de stress en amenant à la place des jerricans. Plan B activé, sang-froid conservé.
Quand on demande à Noa son premier souvenir marquant de cette Groupama Race, sa réponse fuse : “Le départ ! Vraiment inoubliable, avec tous ces bateaux, le franchissement de ligne qui nous fait prendre conscience que ça y est, on prend officiellement le départ de la Groupama Race !!.” Au départ, le binôme tient bon et reste au contact du peloton jusqu’au passage sud.
La première nuit est sous tension mais réussie. L’équipage veut éviter les manœuvres de nuit. En conséquence, Girouette met le cap sur les Loyautés, pour gagner en sécurité. Par la suite, ils retrouvent rapidement le groupe et poursuivent leur route au portant, sereinement.
Puis vient un deuxième moment fort : la traversée du Grand Passage. “Il nous a offert des surfs magiques… avant le retour à la réalité : le près, tragique…” Les conditions se durcissent : mer formée, vent soutenu, fatigue accumulée. C’est un autre visage de la course qui se dévoile, plus rude, plus exigeant. Une épreuve d’endurance.
Pour recharger les batteries, le duo fait une pause dans le lagon, au niveau de Koumac. Mais dès la sortie, la météo change la donne : un vent puissant les pousse vers le sud.
“C’était la surprise, car ça nous a remis dans le match !”
Le répit est de courte durée. Comme de nombreux autres bateaux, Girouette se retrouve englué dans une pétole implacable. La mer devient lisse comme un miroir, le vent se fait attendre.
“Pour moi, en arrivant à Bourail, je savais qu’on serait à côté de la maison… Mais la pétole a tout remis en jeu.” Malgré tout, ils s’accrochent. Chaque risée est une opportunité. Petit à petit, Girouette avance, jusqu’à se retrouver à seulement 1 mille nautique de la ligne d’arrivée. Et là, le vent tombe. Plus rien.
Les équipes à terre viennent les encourager tout en douceur, évitant la moindre vague. Le bateau glisse à peine. L’attente est interminable. Le désespoir est palpable. Si près… et si loin.
Une heure passe. Puis enfin, une brise légère, le cœur plein d’espoir, les voici qui se dirige vers le but après 5 jours de navigations : la ligne d’arrivée.
“Cerise sur le gâteau : plus de moteur à l’arrivée, on a dû se faire remorquer, mais l’accueil était inoubliable : larmes, rires, et une immense fierté d’avoir fini.”
Ils l’ont fait. Ensemble.
“On a appris, on a souffert, on a kiffé…
Et on resigne direct pour 2027.”
Et nous, on y sera pour les applaudir. Pas vous ?
Photo L’Oeil de Cha’ / Fred Cance / Sky Prodphotgraphy / EyeFly Pacifique Gill Chabaud / Girouette