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La New Caledonia Groupama Race : 17 ans d’aventures

25 mars 2025

Dans quelques semaines s’ouvrira la 8ème édition de la Groupama Race. Au total, 25 équipages s’élanceront dans un tour de la Nouvelle-Calédonie. 

Comme son nom l’indique, la Groupama Race est née de l’initiative de Groupama Pacifique. L’entreprise souhaitait créer un évènement à l’échelle pays pour rassembler les calédoniens et faire rayonner son empreinte territoriale.
Philippe Mazard, ancien président du Cercle Nautique Calédonien (CNC), juge international et deux fois vainqueur de la course se souvient de comment tout a commencé, en 2008. « Jean-Michel NAGLE de Groupama a rencontré Matthias BALAGNY de la société de communication évènementielle Turtle, Laurence BOUCHER, responsable évènement à l’époque au sein du CNC et deux membres de la section voile du du Cercle. Ensemble, ils ont cette idée d’une course autour de la Nouvelle-Calédonie ». Tout le monde est motivé mais « plusieurs questions se posent, ajoute Philippe Mazard. Est-ce qu’on crée des étapes ? Est-ce qu’on s’arrête dans les provinces ? Si on fait des étapes, où les bateaux s’arrêtent-ils ? Rapidement, l’option « Tour de Calédonie » s’est imposée. C’est quelque chose qui était complètement inédit, qui n’avait jamais été fait ».

Lors du 1er départ en 2008, on était loin des 25 bateaux inscrits en 2025.

Naviguer en toute sécurité

Le plus gros défi dans les débuts était la sécurité. Pour le CNC, il était primordial que la course soit bien encadrée et sécuritaire. Lors des premières éditions, la plus grande problématique rencontrée par les organisateurs était la mauvaise hydrographie des zones au nord de la grande terre. Profondeur, topographie des fonds marins et configuration des côtes n’étaient pas correctement cartographiées, ce qui posait des problèmes de sécurité, mais également de performance. Afin de réduire le risque d’accident, les organisateurs ont progressivement adapté les instructions de course. « Nous avons interdit aux bateaux d’approcher certaines zones autour des côtes, explique Philippe Mazard. De plus, nous avons un haut niveau d’exigence de préparation des bateaux. Le CNC impose une taille minimum de bateau ainsi que de nombreuses normes de sécurité, comprenant une longue liste d’équipements ainsi que des formations obligatoires. » 

Enfin, depuis le début de son histoire, il existe surtout un système de solidarité entre les bateaux de la New Caledonia Groupama Race: chaque équipage vient en aide à un bateau en difficulté, et le temps de détour est pris en compte dans le classement final en temps compensé. 

De la sécurité à la stratégie

Une fois les aspects sécuritaires de la course identifiés, l’attention s’est tournée vers la stratégie de navigation : rester près des côtes ou prendre le large ? Si aujourd’hui, les équipages peuvent s’inspirer de leurs prédécesseurs, ce n’était pas le cas lors des premières éditions. « Les options de courses se sont affinées par l’expérience, souligne Philippe Mazard. Par exemple, sur la côte Est, les montagnes sont très proches de la mer, ce qui provoque des effets thermiques avec des vents importants. Il vaut mieux faire une grande courbe vers le large, presque à frôler les îles Loyauté, plutôt que de subir ces vents ». Le parcours a également connu des modifications volontaires de la part des organisateurs : « Avant, le départ se faisait directement vers le Sud, explique Mathieu Landrieu. Nous avons ajouté le Phare Amédée pour mettre en avant cet endroit emblématique de la Nouvelle-Calédonie, et ajouter un choix stratégique dès le début de la course : Canal Woodin ou sud de l’île Ouen ? » La météo reste également un paramètre imprévisible à considérer tout au long de la course. Depuis les débuts de la Groupama Race, une constante demeure : aucune édition ne ressemble à une autre.

« Welcome everyone »*

Les équipages étrangers ont fait leur apparition dans la Groupama Race en 2012, sur l’initiative du CNC : « Nous souhaitions augmenter le nombre de participants, et confronter les calédoniens à des compétiteurs extérieurs, explique Philippe Mazard. Nous avons eu l’idée de contacter des clubs en Australie et en Nouvelle-Zélande pour organiser des courses au départ de ces pays, vers la Nouvelle-Calédonie, qui font en sorte que les bateaux arrivent une semaine avant le départ de la Groupama Race. Cela incite les équipages à rester sur place pour prendre le départ de la course ». L’objectif était d’inscrire la Groupama Race dans le calendrier des grandes régates de la région. 

L’arrivée des équipages étrangers en 2012, comme Bull Rush, concurrent Kiwi est une véritable ouverture sur le Pacifique et un formidable projecteur sur la Nouvelle-Calédonie.

Un village qui rassemble

Au-delà de l’aspect sportif, Groupama Pacifique souhaitait dès le début créer un événement familial, qui rassemble les Calédoniens et les Calédoniennes dans un esprit de convivialité. En générant des retombées économiques et sociales positives, ce rendez-vous s’est vite imposé comme un acteur de l’attractivité du territoire, notamment en contribuant au rayonnement de la Nouvelle-Calédonie dans la région. Et chaque année, la foule bigarrée qui se réunit pour le départ au Rocher à la Voile ou au village de course prouve que le pari a été largement réussi.

Le départ 2016 au Rocher à la Voile ©Deroche

Vers le futur 2.0

La course évoluant avec son temps, l’arrivée de technologies comme Starlink marque aussi un tournant dans la navigation : « Certains bateaux vont avoir accès à internet en tout temps, avec un haut débit, explique Philippe Mazard. Comment gère-t-on cela par rapport aux règles de courses ? À quoi ont-ils accès ? Quelles formes d’aide à la course peuvent-ils obtenir ? Ce sont de nouvelles questions à se poser ». Car l’histoire de la Groupama Race continue de s’écrire.

En 2022, il faut désormais passer par le Phare Amédée avant d’aller plein Sud. ©Marine Reveilhac

*Bienvenue à tous